"Là en fait ça fait une journée qu’on est à Varanasi. C’est la ville sacrée indienne où les gens viennent mourir pour achever leur cycle de réincarnation. Y a de la spiritualité partout en ville, du Dieu à tous les coins de rue. Des fleurs, des couleurs, des vieux plutôt maigres avec des grosses barbes qui ont l’air de venir d’un autre temps…y a des gens dans le Gange qui prennent un bain, qui lavent leurs habits sur les marches des énormes escaliers qui sont sur tout le long de la rive du fleuve. Hier j’ai vu un gars se brosser les dents avec l’eau du Gange…toi tu bois une mini gorgée je t’assure que tu vas direct à l’hôpital et tu finis sur les toilettes pendant une semaine! Et là en vrai je suis un peu fatigué parce que déjà, vu qu’on est des blancs européens, on est pas mal sollicité toute la journée pour nous vendre des trucs. Donc tous les 20 mètres y a quelqu’un qui vient te tirer la manche pour t’amener dans son magasin. Et là on est allé dans le coin des crémations…parce que bon faut voir quand même. Hier soir j’étais un peu stressé à l’idée de voir ça. C’est quand même des gens morts qui brûlent hein, chez nous c’est pas hyper hyper courant on va dire. Du coup ben on y va et quand tu t’approches déjà parfois y a 6 gars qui portent des morts tout emballés dans des supers beaux tissus qui te descendent les rues en chantant des prières. Ça donne le ton on va dire. Et ensuite tu traverses des énormes piles de bois. Et c’est des piles de différentes qualité parce que selon ta caste et tes revenus on te fait pas brûler avec le même bois. Même mort ça continue ces histoires. Bref. Et puis plus tu t’approches et tu vois la fumée et tu sens l’odeur de cramé. Pas forcément désagréable l’odeur même si c’est bizarre de le dire mais c’est barbecue au final. Et puis bon ben à force de t’approcher tu finis par tout voir quoi. Voilà voilà. Donc là j’ai un coup de barre, on s’est un peu éloigné de tout ça, on s’est trouvé un coin tranquille où y a juste une grand-mère qui vend des légumes à des gars qui passent en bateau sur le Gange et ça faisait un moment qu’on s’était pas posé un peu."